Kapalasana - posture sur la tête


La posture sur la tête (Kapalasana) nous fait parfois rêver en raison de son coté un peu acrobatique. Mais on est tenté de se dire aussitôt : "Malheureusement, cela n'est pas pour moi !". Pourtant cette posture ne requiert pas d'aptitude particulière et, dès lors qu'on parvient à réaliser la salutation au soleil, on peut espérer adopter Kapalasana sans difficulté. Tout est question de méthode.
Lorsqu'on regarde un Airbus sur le tarmac d'un aéroport on se dit, incrédule : "Jamais cet objet ne va pouvoir décoller!" Et pourtant si ! Mais cela n'est réalisable qu'à condition de respecter scrupuleusement une certaine procédure.  
C'est cette succession d'opérations très précises que nous allons détailler ici.

1. La constitution du triangle d’appui

Tout d'abord, s’asseyiez vous sur les talons et posez les avant-bras une dizaine de centimètres devant les genoux. Insérez les mains dans le pli des coudes.

Dépliez ensuite les avant-bras de façon que les extrémités des doigts des deux mains se touchent. On constate alors de visu que les avant-bras et les mains forment les deux cotés d’un triangle équilatéral (3 cotés égaux) :
. au sommet de ce triangle, placez la tête ; plus précisément, posez au sol le haut du front  (là où commencent les cheveux).
. à la base du triangle, placez très exactement le centre des paumes des mains gauche et droite.
le trépied de base : au sommet, placez la tête et aux points B et C poser le centre des paumes 
Vous disposez alors d’un trépied solide qui va vous permettre de prendre un appui ferme et stable et de poursuivre la posture sans grande difficulté. Si les coudes partent vers l’extérieur - un peu comme les ailes d’un poulet - on les ramènera vers soi en faisant peut être pivoter les poignets.
L’expérience montre que dans la moitié des cas, les personnes qui ne parviennent pas à prendre la posture ne placent pas leurs mains et leur tête aux bons endroits. Cinq centimètres de trop à droite, autant à gauche, et les proportions justes ne sont plus respectées ! Il vous arrive alors ce survient à toute construction précaire, dépourvue de véritables fondations : cela s'effondre ! N’en soyez cependant pas découragé. Vos échecs sont autant d’occasions d’apprendre par vous même : recommencez sans précipitation, en ayant pris soin de vous équiper d'outils de géomètre !


2. Placer le bassin au dessus de la tête

Toujours en étant assis sur vos talons, vos orteils accrochent le sol et vous soulevez le bassin. Ceci vous amène mécaniquement à tendre les jambes.
Vous avancez alors le pied droit de 10 cm, puis le pied gauche de 10 cm, et vous recommencez ainsi de suite. Vous constatez alors que votre dos se redresse lentement et que vos genoux se rapprochent de vos coudes .
 
 
 
Vous pouvez alors poser tranquillement un genou sur un coude, puis l’autre genou sur l’autre coude. "Plus facile à dire qu'à faire", pensez vous peut être ? Il vous faudra alors un peu de persévérance à ce stade.
 
Vous êtes alors en équilibre avec un appui sur les mains et sur la tête (votre trépied) .
Pour certaines personnes ce stade doit être consolidé. En d’autres termes, il est sage de ne pas aller plus avant si votre attitude n’est pas ferme, stable et confortable.


3. Monter les jambes

Rappelons qu’il est essentiel de ne pas se presser pour monter les jambes. Mieux vaut s’abstenir de tendre directement les jambes, ce qui est cause de déséquilibre. Il est donc préférable de procéder en deux étapes :
. dans un premier temps, pointez les genoux vers le plafond ;
. puis, dépliez complètement les jambes.


Pour apprivoiser cette phase, il peut être nécessaire d’utiliser l’appui d’un mur. Ainsi, lorsque l’on forme le trépied, on place l’extrémité des mains une dizaine de centimètres devant le mur. De cette façon , on laisse de l’espace pour les muscles fessiers. On prendra ainsi appui sur le mur au niveau des fessiers , puis au niveau des talons.


Garder la posture 1 à 2 minutes est une excellente pratique journalière, pour celles et ceux qui le peuvent .
Vous pourrez par vous même expérimenter les bienfaits de cette posture. Votre propre expérience constituant un enseignement irremplaçable.
Bien sûr, en cas de gêne ou de douleur, vous aurez la sagesse d’interrompre immédiatement cette posture.


CONCLUSION


De façon générale, Kapalasana est accessible aux personnes qui suivent régulièrement le cours de Yoga. Le poids, quelques kilos de trop, ne sont pas un obstacle insurmontable. Pas plus qu’une musculature un peu lâche . Et je vois parfois des personnes qui disposent des qualités mentales et physiques requises s’empêcher de prendre la posture. Ceci est d’ailleurs bien compréhensible. Quand on pratique en groupe, on manque parfois d’assurance : on peut craindre de perdre l’équilibre, de se ridiculiser ou d’entraîner quelqu’un d’autre dans sa chute. Voilà pourquoi il est bon de s’entraîner un peu chez soi : on y a le temps et la place nécessaires.
Personnellement, j’ai dû m’y atteler trois soirs de suite. Je craignais tout particulièrement de me tordre le cou si je chutais. Je posais donc quelques coussins devant moi, prenais la posture, priais le saint patron des Yogis et … provoquais délibérément ma chute. Finalement, il ne m’arriva rien du tout : je roulais simplement. Je pouvais donc , sans aucune crainte, prendre complètement la posture.

 Christianledain@wanadoo.fr